Voici un résumé du mémoire de K. Faraj, S. François, C. Pouzet et JB. Quentin. Sur le thème :

« La vocation est-elle un concept porteur pour la fonction RH ? »

« Nous nous interrogeons quand nous ne parvenons plus à obtenir les résultats déclenchés par nos comportements habituels. C’est à ce moment que nous faisons l’expérience de la chose subie, de la frustration, de l’insatisfaction, de la sensation de blocage….l’inconfort peut devenir insupportable. Il s’agit alors de faire le point sur ce que nous vivons puis de décider de ce que souhaiterions vivre à la place afin de profiter de vents favorables ». N. Vogelsinger-Martinez.

« Et pourtant il y a en chacun une tendance irrésistible à se développer dans toute l’amplitude que la Nature lui a donnée ; à extérioriser par des paroles, des actes, ce que la Nature a placé en lui. C’est bien, c’est juste, c’est inévitable ; c’est même un devoir, et c’est même ce qui résume les devoirs de l’homme. On peut définir par là le sens de la vie sur terre : déployer son moi, faire ce dont on est capable. C’est une nécessité pour l’être humain, et c’est même la première loi de notre existence » CARLYE

La vocation possède un sens moderne et laïc qui sous-entend une mise en cohérence de l’activité professionnelle avec l’être. Tout comme l’identité, elle doit être comprise comme un processus dynamique continu qui se développe tout au long de la vie. Elle vise un accomplissement de soi à travers le travail.

Judith Schlanger, écrivain et philosophe a consacré un ouvrage complet à la vocation.

Au début de son livre, Judith Schlanger (2010, p.15) rappelle que le caractère sacré est à l’origine de la vocation :

« Tant que la vocation était de l’ordre du sacré, elle était aussi avant tout l’appel d’une transcendance. Le terme de vocation date du Moyen Age, où il désigne toujours la vocation religieuse ;(…) »

A cette conception religieuse de la vocation, Judith Schlanger oppose une vocation moderne, laïque. Si la vocation religieuse est un appel qui « ne touche que le petit nombre des élus » la vocation laïque quant à elle devient l’affaire de tous :

« Tout change quand la vocation devient laïque, interne, autonome, quand son enjeu est le cours de cette vie, quand elle s’incarne dans le rôle social et l’activité économique, c’est-à-dire dans le travail, et qu’elle devient l’affaire de chacun et de tous. » (Judith Schlanger, 2010, p.16)

L’idée que la vocation soit l’affaire de chacun et de tous est très importante.

Après avoir clarifié le champ laïc dans lequel s’inscrit son étude, Judith Schlanger précise l’idée de la vocation à travers une série de questionnements :

« Que faire de soi ? Quelle traversée, quelle direction, quelle occupation, quelle entreprise permettra à la fois de se connaître et de se nourrir, de s’affirmer et de s’entretenir ? Comment gagner sa vie au double sens du terme, en gagnant à la fois son identité et son pain ? » (Judith Schlanger, 2010, p.17)

Ces questionnements font émerger plusieurs notions intéressantes. Le « que faire de soi ? » montre le caractère existentiel de la vocation derrière lequel se cachent les notions d’utilité et de sens. Les questions « Quelle traversée et quelle direction (…) » font associer à la vocation l’idée d’un cheminement vers quelque chose qui nécessite un effort. Le double sens donné à « gagner sa vie » confère à la vocation l’idée qu’elle permet à la fois de subvenir à ses besoins et de se construire.

Schlanger présente la vocation comme un véritable vecteur de l’accomplissement identitaire :

« Dans son interprétation libérale (…) la liberté de la vocation devient la liberté d’être tout ce qu’on peut être ; et de développer ce qu’on est en puissance, afin de devenir pleinement soi. » (Judith Schlanger, 2010, p.19)

Ce qui est intéressant ici, c’est qu’apparaissent les notions de capacités, de potentiels, et de développement.

Judith Schlanger note aussi que s’il existe une tendance naturelle à considérer que la vocation est réservée aux élites, il ne faut pas pour autant s’y résoudre :

« Il faut donc retrouver, dans toute son amplitude, la question moderne de la vocation comme vocation laïque, comme inspiration autonome, comme attitude active et même activiste, et comme ethos démocratique qui concerne chacun et qui est le droit de tous. Il faut retrouver l’idée d’une orientation personnelle en fonction de ses goûts propres, l’idée des talents potentiels qui cherchent à se développer et à s’exercer, l’idée de la légitimité morale et sociale du désir personnel qui oriente le choix de vie.
Il faut retrouver cet ethos moderne tout à fait général qui gouverne aussi les vocations les plus rares, celles de l’artiste ou du savant. » (Judith Schlanger, 2010, p.27)

Si l’on retrouve ici l’idée que la vocation est « l’affaire de chacun et de tous, elle fait apparaître une notion importante qui est celle de l’orientation professionnelle de l’individu en fonction de ses goûts propres, de ses talents, en bref, de ce que nous nommerons sa singularité.

Finalement la vocation c’est le point de rencontre entre notre histoire, nos talents, nos valeurs, nos désirs, nos aspirations et les besoins du monde.